Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol20.djvu/271

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des Évangélistes, qui ont recueilli les paroles du Christ, il n’y a pas la moindre mention de ce dogme. L’Église affirme que ce dogme est exprimé par Christ dans les paroles suivantes : « Il faut élever le Fils de l’homme » ; dans les paroles fausses : « l’Agneau qui prend sur lui les péchés du monde » ; et encore dans les paroles suivantes : « Le Fils de l’homme est venu pour servir » ; « je suis le bon Pasteur, je donnerai ma vie pour mes brebis. » Puis dans les paroles qu’il prononça en rompant le pain : « C’est mon corps qui se rompt pour vous. » Et enfin dans les paroles de Caïphe ; toutes paroles où il n’y a évidemment rien de pareil. D’après l’Église, ce dogme se retrouve encore plus clairement dans les Épîtres, c’est-à-dire dans les interprétations des paroles du Christ, et enfin, plus clairement encore, dans les interprétations des saints Pères.

La rédemption est le dogme fondamental de notre salut. Comment donc Christ, qui est venu pour nous sauver, ne l’a-t-il pas formulé plus clairement, et l’a-t-il laissé aux interprétations d’Épiphane, à une épître inconnue des Juifs et autres ? Si ce dogme est tellement important que de la foi en lui dépende tout notre salut, en un mot, s’il est nécessaire aux hommes, puisque Christ est descendu sur la terre par amour pour les hommes, il aurait dû l’exprimer une bonne fois, avec netteté et clarté, tandis que lui-même