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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol20.djvu/285

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imbéciles, je puis m’imaginer qu’une pareille conception mesquine de l’importance du Christ soit possible. Mais pourquoi ne me permet-on pas de penser comme je pense : que Christ nous a sauvés parce qu’il nous a révélé la loi qui donne le salut à ceux qui l’observent, et qu’il nous a rachetés, parce que, par sa mort sur la croix, il a montré la vérité de sa doctrine. Ma définition embrasse celle de l’Église et non seulement ne détruit rien mais donne comme œuvre principale, la plus importante, cet effort par lequel, selon les paroles de Christ, s’acquiert maintenant le royaume du ciel. Mon interprétation ne nie pas, mais attribue moins d’importance à ces raisonnements sur les buts et les moyens de Dieu, dont je ne puis rien savoir, et sur lesquels, à mesure que je les comprends moins, on me raconte davantage. Ne vaut-il pas mieux pour moi croire seulement que Dieu a fait pour moi ce qu’il y a de mieux, et que, de mon côté, je dois faire tout le mieux que je puis ? En agissant ainsi, sans me demander en quoi consiste la rédemption, quelle qu’elle soit, elle ne m’échappera pas. Mais si j’ai trop d’espérance en la rédemption du Christ, et si je néglige ce que je dois faire pour mon propre salut ?