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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol20.djvu/329

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testants et les nouveaux théologiens, malgré cette haute importance que soi-disant ils attribuent à l’Église, la question des rapports de l’Église et de l’État entre en ligne de compte. Tous sont maintenant très soucieux de la séparation, de la délivrance de l’Église du joug de l’État, et tous s’apitoient fort sur la situation misérable de la vérité divine, — le Christ en tête, — qui se trouve captive des Bismarck, des Gambetta, etc. Ils oublient que si l’État peut avoir une influence quelconque sur l’Église, c’est qu’en parlant de l’Église nous parlons non de la vérité divine qui a Christ à sa tête, mais d’une institution humaine. Les hommes qui croient en la doctrine de l’Église ne peuvent baser leur foi que sur la légitimité de la succession de la hiérarchie, légitimité que rien ne peut prouver. Aucune recherche historique ne la peut confirmer. Au contraire, les recherches historiques non seulement ne confirment pas la légitimité de n’importe quelle hiérarchie mais montrent clairement que Christ n’a jamais établi une hiérarchie infaillible, qu’elle n’existait pas dans les premiers temps et n’a paru qu’au moment de la décadence de la doctrine chrétienne, au temps de la haine et de la colère occasionnées par les interprétations des dogmes, et que toutes les doctrines chrétiennes les plus diverses ont déclaré et déclarent avec les mêmes droits la légitimité de la progression de leur Église, et nient celle des autres Églises. De sorte que toute la