Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol20.djvu/374

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quillement, elle détruit elle-même ses propres propositions, ce qui ne l’empêche pas, à la fin, de dire solennellement que la véritable doctrine est d’accepter l’un et l’autre, bien que l’un exclut l’autre. En effet, si absurde qu’il soit de séparer la foi des actes, sitôt cette séparation faite dans la conception des croyances, on comprend que l’on puisse affirmer que c’est ou la foi qui sauve ou les actes. Si, par la foi, nous nous purifions entièrement et devenons saints, il est évident que les bonnes œuvres deviennent inutiles. Elles se supposent d’elles-mêmes mais ne peuvent devenir le but. Au contraire, si nous assurons notre salut par l’effort de notre volonté, comme il a été dit dans le paragraphe précédent, alors il est évident que ce qui subsiste avant tout, ce doit être cet effort de la volonté, c’est-à-dire l’acte, après quoi viendra la foi puis le salut.

Les deux affirmations sont logiques et conséquentes, mais notre hiérarchie, s’étant assurée de la foi, juge inutile toute conséquence logique. Elle affirme à la fois les deux propositions contradictoires. La conclusion du paragraphe, qui tend à prouver la nécessité des bonnes œuvres, prouve juste le contraire :

Nous ne pouvons faire de bonnes œuvres qu’avec la coopération de la grâce divine ; aussi les bonnes œuvres sont-elles appelées les fruits du Saint-Esprit (Gal., v, 22). Mais comme leur accomplissement requiert en même