Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol20.djvu/460

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de la foi. L’affaire est claire. Malgré tous ces amendements : que les bonnes actions sont nécessaires à quelque chose et qu’il faut suivre la doctrine du Christ sur l’amour, l’humilité, le sacrifice, il est évident que ces actions ne sont pas nécessaires, et la pratique de la vie de tous les croyants le confirme.

La logique est impitoyable. À quoi bon les bonnes actions, si je suis racheté par la mort de Dieu, si même mes futurs péchés sont rachetés ? Il faut seulement croire.

Comment puis-je lutter, aspirer au bien, en quoi seul je me représentais autrefois les bonnes actions, quand le dogme essentiel de la religion est celui-ci : l’homme ne peut rien par lui-même, mais tout arrive par la grâce. Il faut seulement chercher la grâce. La grâce, je ne puis l’acquérir par moi-même, elle m’est communiquée par les autres. Toutefois si je ne réussis pas à me sanctifier par la grâce durant ma vie, il y a des moyens d’en profiter après la mort. On peut laisser de l’argent à l’Église. On priera pour moi. De moi on n’exige qu’une seule chose : que je cherche la grâce. La grâce se donne par les sacrements et par les prières de l’Église. Il faut donc avoir recours à eux et s’arranger à n’en être jamais privé : avoir près de soi des prêtres, ou vivre dans un couvent, ou laisser le plus d’argent possible pour les prières. Une fois la vie future ainsi garantie, je puis jouir