Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol20.djvu/462

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lure, hardis, peu cultivés, parés de soie, de velours, de diamants et de pierres précieuses, qu’on appelle archevêques ou métropolites, et de milliers d’autres hommes aux longs cheveux qui leur sont servilement soumis ; tous occupés, en feignant d’accomplir des mystères quelconques, à tromper et à voler le peuple. Comment puis-je croire à cette Église, quand je vois qu’aux questions capitales que l’homme pose au sujet de son âme propre, elle répond par des tromperies grossières, des inepties, et par surcroît prétend que personne ne doit oser répondre autrement ? Pour ce que j’ai de plus précieux dans ma vie, je ne dois prendre comme guide que ses seules indications. Je puis choisir la couleur de mes pantalons, ma femme, mais pour cela même par quoi je me sens homme, je dois aller demander la permission à ces individus oisifs, menteurs et ignorants. Pour guider dans ma vie, le sacro-saint de mon âme, j’ai le prêtre de ma paroisse, un garçon qui sort du séminaire, abruti et peu lettré, ou un vieil ivrogne, dont le seul souci est de ramasser le plus possible de sous et d’œufs. Ils m’ordonnent, en priant, de souhaiter longue vie à la pieuse orthodoxe, la dévergondée Catherine ii, à ce brigand Pierre qui blasphéma l’Évangile, et je dois prier pour eux. Ils m’ordonnent de maudire, de brûler et de pendre mes frères, et d’après eux, je dois crier anathème ! Ils m’ordonnent de manger du pain, de boire du vin et de