Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol20.djvu/48

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Voilà comment je comprenais auparavant Dieu, (et je savais que je n’étais pas le seul)… Et maintenant on veut me prouver que Dieu, précisément, est un.

En lisant ces quatorze pages où l’on essaye de prouver l’unité de Dieu, mon étonnement devant l’affirmation que Dieu est un et trois, non seulement ne se dissipe pas, mais ma conception de Dieu s’évanouit ou peu s’en faut. Dès les premiers mots, au lieu d’expliquer cette proposition stupéfiante, qui a détruit ma conception de Dieu : son unité et sa trinité, on m’introduit dans le domaine de la discussion avec les doctrines païennes et chrétiennes, qui nient l’unité de Dieu.

Je lis :

« Les adversaires de la doctrine chrétienne de l’unité de Dieu ce furent :

« 1o Avant tout, et fort naturellement, les païens ou polythéistes, qu’il fallait convertir au christianisme ;

« 2o Puis, à partir du deuxième siècle, les hérétiques chrétiens, connus sous le nom général de gnostiques, dont les uns, sous l’intluence de la philosophie et de la théosophie orientale, bien que reconnaissant un seul Dieu suprême, lui associaient pourtant, plusieurs autres Dieux inférieurs, ou Éons, issus de Lui et créateurs de l’univers, au lieu que les autres, entraînés par la même philosophie, qui cherchait, entre autres choses, à résoudre la question de l’origine du mal dans le monde, reconnaissaient deux principes coéternels, toujours en guerre : celui du bien et celui du mal, comme causes principales de tout le bien et de tout le mal qui existent dans le monde ;

« 3° Un peu plus tard encore, dès la fin du troisième