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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol20.djvu/51

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de beaucoup de dieux, pour nous et pour tous ceux qui croient en Dieu, est si indiscutable que la découverte d’un dogme concernant cette question, alors qu’il est dit que Dieu est triple, va tout à l’encontre du but poursuivi par l’auteur. Ce moyen de discussion contre les partisans de plusieurs dieux, où descend l’auteur, ainsi que les faux procédés qu’il emploie anéantissent à peu près la conception de Dieu chez un croyant quelconque. L’auteur dit que Dieu n’est pas un, comme on pourrait le dire de chaque dieu païen, pris isolément, dans la foule des autres dieux.

« Mais unique dans ce sens qu’il n’y a pas d’autre Dieu, ni égal, ni supérieur, ni inférieur à lui, et que Lui seul, Il est le Dieu unique (p. 96).

Puis l’auteur cite les paroles d’un Père de l’Église :

« Quand nous disons que les Églises d’Orient croient en un seul Dieu, Père tout-puissant, et en un seul Seigneur, il faut entendre ou qu’il est appelé seul, unique, non au point de vue du nombre, mais à celui de la totalité (unum non numero dici, sed universitate). Ainsi parle-t-on d’un homme ou d’un cheval : dans ce cas un se met au point de vue du nombre ; car il peut y avoir un second homme, un troisième, etc., et ainsi pour le cheval. Mais où il est question d’un, sans qu’il y ait possibilité d’y adjoindre un second ou un troisième, là le mot un s’entend, non par rapport au nombre, mais par rapport à la totalité. Si, par exemple, nous disons un soleil, alors le mot un est employé dans un sens à ne pas permettre d’ajouter ni un second ni un troisième. À plus forte raison lorsqu’il est question de Dieu, il