Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol20.djvu/54

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Pour quiconque a lu l’Ancien Testament, il est clair que la conception de Dieu dans l’Ancien Testament n’est pas la conception d’un Dieu unique, mais celle du Dieu exclusif des Hébreux. Pourquoi vouloir prouver le contraire ? Cela n’est pas nécessaire du tout. Ce qui nous frappe ici, malgré nous, ce n’est pas le fait de se fermer les yeux devant les choses évidentes, mais la mauvaise foi et l’audace inouïe avec lesquelles on nie ce qui est évident pour quiconque a lu l’Écriture, ce qui est élucidé depuis des siècles et expliqué par tous les penseurs qui se sont occupés de ces questions. Citer les passages de la Bible d’où il ressort évidemment que les Hébreux reconnaissaient leur Dieu, comme seul parmi les autres dieux, est tout à fait inutile.

Les cinq livres sont remplis de ces passages : le livre de Jésus Navine, xxiv, 2 ; la Genèse xxxi, 19, 30 ; les Psaumes, lxxxv, 8 ; même le premier commandement de Moïse.

On s’étonne de trouver de tels raisonnements, mais le plus étonnant, c’est qu’on dise tout cela à ceux qui cherchent l’explication des vérités divines révélées sur Dieu même. Pour me révéler la vérité sur Dieu, vérité conservée par l’Église, on m’a dit des paroles incompréhensibles : Dieu est un et trois. Et au lieu d’explication, on s’est mis à me prouver ce que je sais, ce que ni moi, ni les autres croyants ne pouvons ignorer, à savoir : que pour Dieu, le nombre n’existe pas. Pour me prouver