Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol20.djvu/86

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On se demande comment résoudre la contradiction entre la bonté et la justice ? Comment Dieu qui est bon peut-il punir les péchés par le feu éternel ? Ou il n’est pas juste, ou il n’est pas bon. Il me semble que la question est claire et légitime, et l’auteur a l’air d’y répondre en citant les autorités d’Irénée, de Tertullien, de Clément d’Alexandrie, de Chrysostôme, d’Hilaire, d’Augustin. Il y a beaucoup d’autorités, mais qu’ont-elles dit ? Elles ont dit : Vous demandez si la souffrance éternelle pour le péché provisoire existe. Dieu est-il bon et juste ? Nous répondons : Dieu est bon et juste. « La bonté de Dieu est la bonté juste, et sa justice, la justice bonne ». Mais c’est précisément ce que je demande : Comment cela peut-il être ? Dieu juste et bon punit, par la souffrance éternelle, le péché temporaire, et vous dites : Il punit comme un père, dans notre intérêt moral ; ses châtiments sont le témoignage de sa bonté, de son amour. Quelle correction, quel amour y a-t-il ici, quand pour un péché temporaire on brûle dans le feu éternel ?

Mais l’auteur estime que tout est expliqué, et il termine tranquillement le chapitre par ces mots :


« La saine raison doit également reconnaître que Dieu est souverainement juste. Tout acte d’injustice envers le prochain ne peut provenir en nous que de deux causes ; l’ignorance ou l’erreur de notre raison, et l’inconstance de notre volonté. Mais en Dieu aucune de ces deux raisons ne saurait exister ; Dieu est un Être omniscient et souverainement saint ; Il connaît