Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol21.djvu/170

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Moïse a ordonné de travailler six jours par semaine, et a interdit de s’occuper des affaires ordinaires, sauf des plus nécessaires, le septième jour (le samedi). (Exode, xx, 9, 10 ; xxxv, 2, 3. Nombres, xv, 32, 36.)

La tradition des Patriarches a augmenté encore la sévérité du repos du samedi, si bien que même les bonnes œuvres, même les œuvres pieuses, étaient parfois interdites ce jour-là. D’ailleurs les Pharisiens, qui étaient hostiles au Sauveur, pouvaient exagérer, précisément envers lui et envers ses disciples, la sévérité de l’observance du sabbat, et se montrer plus indulgents envers eux et envers les autres. Les disciples de Jésus ayant cueilli des épis pour satisfaire leur faim, c’est-à-dire par nécessité, ils virent là l’inobservance du sabbat, un blasphème du sabbat, et ne manquèrent pas l’occasion d’attirer l’attention de Jésus sur ce fait, lui reprochant de permettre à ses disciples une pareille violation, évidente et pernicieuse, des lois sur le sabbat[1].

Ainsi toute la signification de ce passage est défigurée. Le clergé ne pouvait faire autrement. Les paroles contre le sabbat ne se rapportent qu’à l’adoration extérieure de Dieu que l’Église a établie. Tant qu’aux paroles : Il y a ici ce qui est plus important que le temple, l’Église défigurant le texte dit : Il y a quelqu’un. Quelqu’un signifie tout de même « l’homme », d’après le sens de tout ce qui suit ; mais les interprètes affirment que Jésus parle ici de soi-même comme Dieu.

Il y a ici quelqu’un qui est plus grand que le temple. Par ces paroles, le Seigneur a démontré la grandeur

  1. Les interprétations des Évangiles, par l’archevêque Mikhaïl, pp. 206, 207.