Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol21.djvu/23

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tions qui ont divisé les chrétiens en milliers de sectes, mais elle doit se trouver dans la première révélation, celle de Christ lui-même. Cette première révélation, la parole de Christ lui même, se trouve dans les Évangiles. Je sais que, d’après l’Église, le sens de la doctrine se trouve non dans l’Évangile seul, mais dans toutes les Écritures et traditions conservées par l’Église. Je suppose qu’après tout ce qui a été dit auparavant[1], ce sophisme : que la Sainte Écriture qui sert de base à mon interprétation n’est pas sujette à l’examen, parce que l’interprétation vraie et sainte appartient à l’Église seule, ne saurait être invoqué, d’autant plus que chaque interprétation est détruite par l’interprétation contraire d’une autre Église. La prohibition de la lecture et de l’investigation critique des Écritures atteste seulement la crainte où est l’Église de voir révéler ses erreurs d’interprétation.

Dieu a révélé aux hommes la vérité. Je suis homme, j’ai donc le droit indiscutable d’en profiter, de la regarder en face, sans intermédiaire. Si Dieu parle dans ce livre, connaissant la faiblesse de ma raison, il me parlera de manière à ne pas m’induire en erreur. Le prétexte que donne l’Église : qu’on ne peut permettre l’interprétation des Écritures, de peur que le fidèle ne tombe dans

  1. L.-N. Tolstoï, Critique de la Théologie dogmatique orthodoxe. Œuvres complètes, tome XX.