Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol22.djvu/433

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je travaille pour toi, je n’ai pas désobéi à tes ordres, et pour moi tu n’as jamais tué le veau gras. Mon frère cadet, au contraire, a quitté la maison, a dépensé toute sa fortune dans les débauches, et voilà que pour lui tu fais tuer le veau gras.

Le père lui dit : Toi, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi. Mais comment ne me réjouirais-je pas de ce que ton frère, qui était parmi les morts, soit revenu à la vie ; que lui, qu’on croyait perdu, soit retrouvé ?

Ainsi, notre Père au ciel désire que pas un seul homme, même le plus misérable, ne périsse, qu’il soit vivant.

Voici à quoi ressemble la vie des hommes qui ne comprennent pas qu’ils vivent dans ce monde non pour boire, manger, s’amuser, mais afin de travailler pour Dieu, pendant toute leur vie :

Le maître a planté un jardin, il l’a arrangé et a fait tout ce qu’il fallait pour que le jardin donne le plus de fruits possible. Il a envoyé des ouvriers dans ce jardin pour qu’ils y travaillent, ramassent les fruits, et lui paient le prix convenu.

Le maître, c’est Dieu ; le jardin, c’est le monde ; les ouvriers, ce sont les hommes. Dieu n’a créé le monde et n’y a envoyé les hommes qu’afin que ceux-ci rendent à Dieu ce qui appartient à Dieu : l’entendement de la vie qu’il a mis en eux.

Le terme est venu et le maître envoie un serviteur chercher la redevance. Dieu, dans l’âme des