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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol24.djvu/146

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le pire, c’est pourquoi ils ne peuvent faire le mieux, — il y a un malentendu évident.

Ici, évidemment, il ne s’agit pas d’une faute de raisonnement, mais de tout autre chose. Il doit y avoir là quelque conception fausse.

La conception fausse qui a conduit à cette aberration, c’est ce qu’on appelle la religion chrétienne dogmatique, celle qui est enseignée dès l’enfance à tous ceux qui professent le christianisme de l’Église, d’après les différents catéchismes orthodoxes, catholiques et protestants.

Cette religion, d’après la définition des fidèles mêmes, consiste à accepter comme réel ce qui ne l’est pas. (Cela est dit chez Paul et se répète dans toutes les théologies et dans tous les catéchismes comme la meilleure définition de la foi). Et voilà, cette foi en l’existence de ce qui n’est pas a conduit les hommes à cette affirmation singulière que la doctrine de Christ est excellente pour les hommes, mais qu’ils ne peuvent sur elle fonder leur vie.

Voici ce que dit cette religion : Un Dieu unique en trois personnes, qui existe de toute éternité, s’avisa un jour de créer tout un monde d’esprits. Ce Dieu de bonté créa ce monde d’esprits pour leur bien, mais il arriva qu’un de ces esprits devint méchant, et, partant, malheureux. Beaucoup de temps s’écoula et Dieu créa un autre monde matériel. Puis Dieu créa l’homme bienheureux, im-