Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol24.djvu/194

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compte de mes exhortations. Il en va de même avec la doctrine de Christ. Pourquoi travailler pour gagner mon pain, quand je puis être riche sans cela ? Pourquoi me donnerais-je la peine de vivre cette vie selon la volonté de Dieu, quand je suis assuré de ma vie personnelle pour l’éternité ?

On nous enseigne que Christ a sauvé les hommes — en tant que seconde personne de la Trinité, — qu’il est Dieu et qu’il s’est fait homme ; qu’il s’est chargé du péché d’Adam et de tous les hommes ; qu’il a racheté les péchés de l’humanité devant la première personne de la Trinité et qu’il a institué pour notre salut l’Église et les sacrements. Si nous croyons tout cela, nous sommes sauvés et nous entrons en possession de la vie éternelle et personnelle d’outre-tombe. Mais on ne peut pourtant pas nier qu’il a sauvé et qu’il sauve les hommes en leur démontrant leur perte inévitable, en leur indiquant, par ces paroles : Je suis le chemin, la vie et la vérité, le vrai chemin de la vie au lieu du faux chemin de la vie personnelle que les hommes suivaient auparavant.

S’il peut se rencontrer des hommes qui doutent de la vie d’outre-tombe et du salut basé sur la rédemption, nul ne peut douter du salut de tous les hommes et de chacun en particulier basé sur l’évidence de l’anéantissement de la vie personnelle et du vrai chemin du salut par l’union de chaque volonté personnelle avec celle du Père. Que chaque