Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol24.djvu/271

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l’observance du sabbat, les aumônes, l’année jubilaire et plusieurs autres choses. Le mahométisme prescrit la circoncision, la prière cinq fois par jour, la dîme des pauvres, le pèlerinage au tombeau du Prophète et d’autres choses encore. Il en est de même pour toutes les autres religions. Que ces prescriptions soient bonnes ou mauvaises, ce sont des prescriptions qui exigent des actes. Seul le pseudo-christianisme ne prescrit rien. Il n’y a rien qu’un chrétien soit obligé d’observer ni rien dont il doive obligatoirement s’abstenir, si l’on ne compte pas les carêmes et les prières que d’ailleurs l’Église elle-même ne reconnaît pas comme absolument obligatoires. Tout ce qui est nécessaire au pseudo-chrétien — c’est le sacrement. Mais le sacrement ne s’accomplit pas par le croyant ; d’autres le lui administrent. Le pseudo-chrétien n’a rien à faire obligatoirement, il n’a à s’abstenir de rien obligatoirement pour son salut, l’Église lui administre tout ce dont il a besoin : elle le baptise, l’oint, le fait communier, lui donne l’extrême-onction, le confesse, même quand il a perdu connaissance, prie pour lui, — et il est sauvé. L’Église chrétienne, depuis Constantin, n’a exigé de ses membres aucun acte. Elle n’a même jamais exigé l’abstinence de n’importe quoi. L’Église chrétienne a reconnu et sanctionné tout ce qui existait dans le monde païen. Elle a reconnu et sanctionné le divorce, l’esclavage, les tribunaux, tous les pouvoirs