Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol24.djvu/77

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immédiatement après, verset 17, il dit : « Mais il est plus aisé que le ciel et la terre passent, qu’il n’est possible qu’un seul point de la loi soit aboli. » Par les mots : « la loi et les prophètes jusqu’à Jean », Christ abroge la loi écrite. Par les mots : « Il est plus aisé que le ciel et la terre passent qu’il n’est possible qu’un seul point de la loi soit aboli », il confirme la loi éternelle. La première fois il dit : « la loi et les prophètes », c’est-à-dire la loi écrite ; la seconde fois il dit simplement la loi, par conséquent la loi éternelle. Ainsi, il est clair qu’ici la loi éternelle est opposée à la loi écrite[1], comme dans le contexte de Matthieu où la loi éternelle est précisée par l’expression : la loi ou les prophètes.

L’histoire du texte de ces versets 17 et 18, d’après les variantes, est remarquable. Dans la plupart des manuscrits on trouve le mot « loi », tout court, sans l’addition : « et les prophètes ». Là il ne peut y avoir de fausse interprétation dans le sens de la loi écrite. Dans d’autres copies, celle de Tischendorf, et dans les versions cano-

  1. C’est peu ; comme s’il voulait dissiper le moindre doute au sujet de la loi dont il parle, Christ cite immédiatement, en connexion avec ce passage, l’exemple le plus décisif de la négation de la loi de Moïse par la loi éternelle, par cette loi de laquelle pas un iota ne peut disparaitre ; il cite un des passages de l’Évangile où il montre l’opposition la plus absolue avec la loi de Moïse. (Luc, xvi, 18) : « Quiconque répudie sa femme et en épouse une autre, commet adultère » ; c’est-à-dire que le divorce, permis selon la loi écrite, selon la loi éternelle est un péché.