Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol24.djvu/92

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Moïse ou celle du Christ, on reconnaît que les deux sont divines.

Mais quand il s’agit des actes de la vie pratique, nous repoussons carrément la loi du Christ et suivons celle de Moïse.

Cette fausse interprétation, quand on en a bien sondé l’importance, est la cause de l’effrayant et terrible drame de la lutte du mal et des ténèbres avec le bien et la lumière.

Au milieu du peuple juif, hébété par d’innombrables règles extérieures instituées par les lévites, dénommées par eux lois divines, et dont chacune est précédée des mots : « Et Dieu dit à Moïse », Christ apparaît. Tout est réglé, jusqu’aux moindres détails, non seulement les rapports de l’homme avec Dieu, les sacrifices, les fêtes, les jeûnes, les rapports d’homme à homme, de peuple à peuple, les relations sociales, familiales, tous les détails de la vie individuelle : circoncision, purification du corps, des vases, des vêtements, — tout est défini jusqu’aux moindres détails et tout est reconnu commandement de Dieu, loi divine. Que peut donc faire, je ne dis pas Christ-Dieu, mais un prophète, un maître des plus ordinaires en enseignant un pareil peuple, s’il n’abolit pas cette loi qui a déjà tout réglé jusqu’aux moindres détails. Christ, comme tous les vrais prophètes, prend dans ce que les hommes considèrent comme la loi de Dieu ce qui est véritablement la loi de Dieu ; il prend la base,