N’est-il pas étonnant que les esclaves eux-mêmes qui, depuis l’antiquité, sont soumis à la servitude ne se rendent pas compte de leur situation et non seulement considèrent cet esclavage où ils vécurent toujours comme une condition naturelle de la vie humaine, mais voient en outre un soulagement de leur état dans les simples changements de forme qu’il subit ? N’est-il pas étonnant aussi que les propriétaires d’esclaves croient parfois très sincèrement les affranchir en desserrant une seule vis, tandis que les autres restent fortement enfoncées ? Les uns et les autres sont habitués à leur sort : d’un côté les esclaves — sans connaître la liberté — ne cherchent qu’un allègement à leur assujettissement, ou bien ils se bornent à espérer que l’on en changera la manière d’être ; d’autre part, les propriétaires d’esclaves, pour cacher leur duplicité, tâchent d’attribuer une importance particu-