L’esclavage existe. En quoi consiste-t-il ? En ce qu’il a été toujours, et sans quoi il ne peut être : l’oppression de l’homme faible, sans armes, par le fort, par l’homme armé.
L’esclavage, avec ses trois procédés principaux de violence à l’égard des personnes : l’armée, l’impôt foncier ayant pour soutien l’armée, et les tributs imposés à tous les habitants : impôts directs et indirects s’appuyant de même sur l’armée, existe absolument comme autrefois, seulement nous ne le voyons pas parce que chacune de ces trois formes de l’esclavage a reçu une nouvelle justification qui nous voile son importance. La violence des hommes armés à l’égard de ceux qui sont dépourvus d’armes se déguise sous l’appellation de défense de la patrie contre ses ennemis imaginaires, et, en réalité, elle n’a qu’une seule et unique importance : la sujétion des vaincus par le spoliateur. La violence qui dépouille de la terre ceux qui la travaillent se justifie en prenant la dénomination de récompense des services rendus au bien général imaginaire et elle se légalise sous le nom de droit de succession. Et ce n’est, en réalité, qu’une spoliation, un esclavage identique à celui imposé par l’armée (le pouvoir). Le troisième et dernier mode de violence s’exerce par l’argent — sous forme d’impôts — c’est la violence la plus forte et la principale en notre temps — et la manière dont on la justifie est encore plus éton-