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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol26.djvu/241

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Tous : moi, le portier, l’agent, étions habillés avec des vêtements d’hiver, elle seule était en simple robe. Dans l’obscurité je ne pouvais voir que sa robe brune, son fichu sur la tête et sur le cou. Elle était de petite taille, comme les enfants mal nourris ; ses jambes étaient courtes et toute sa personne relativement large et mal bâtie.

À cause de toi, canaille, nous sommes là ! Allons, marche, hein ! J’ vas te faire voir !… criait l’agent. Évidemment il était fatigué et elle l’ennuyait déjà. Elle fit quelques pas et s’arrêta de nouveau.

Le vieux portier, un bon homme (je le connaissais), la tirait par la main.

Je t’apprendrai à t’arrêter ! Va !

Il feignait de se fâcher. Elle buta et se mit à parler d’une voix éraillée. Dans chaque son il y avait une note fausse, rauque et un cri aigu.

— Eh toi ! pousse encore ! j’avancerai moi-même !…

— Tu gèleras ! — disait le portier.

— Nous autres, nous ne gelons pas. Je suis chaude.

Elle voulait plaisanter, mais ses paroles sonnaient l’injure. Près du réverbère, qui n’était pas loin de la porte de notre maison, elle s’arrêta de nouveau, s’appuya et tomba presque sur le mur, puis se mit à chercher dans sa robe avec sa main engourdie. De nouveau, ils crièrent après elle, mais