que chaque fois les faucheurs, les faibles, les adolescents, les vieillards, avant la fin, font la dernière rangée en chancelant et se relèvent à peine après le repos ; souvent des femmes enceintes ou qui allaitent travaillent de même.
Le travail tendu est ininterrompu. Tous travaillent de toutes leurs forces, et pendant ce labeur ils mangent non seulement les réserves de leur maigre nourriture, mais aussi les réserves anciennes. Eux tous, qui ne sont pas gros, maigrissent encore après la période des travaux des champs.
Voici un petit artel qui fauche ; trois paysans : un vieux, un autre, son neveu, jeune marié, et un cordonnier, un homme sec, musclé ; pour eux tous ce fauchage décide du sort de l’hiver : pourra-t-on garder la vache, payer les impôts ? Sans trêve ni repos, ils travaillent déjà depuis une quinzaine. La pluie a interrompu leur travail. Après la pluie ils ont décidé de terminer et pour aller plus vite, ils adjoignent deux femmes à chaque faux. Du côté du vieux sont venues sa femme, une femme âgée de cinquante ans, usée par le travail et onze couches, — elle est sourde, mais quand même travaille très bien, — et une petite fille de treize ans, une fillette de petite taille, mais assez adroite et forte. Du côté du neveu sont venues sa femme, forte et grande comme un homme, et sa belle-sœur, une femme de soldat, enceinte. Du côté du cordonnier, il y a sa femme,