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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol26.djvu/362

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critiques et de critique des critiques. Nous avons amassé des galeries de tableaux ; nous avons étudié à fond diverses écoles artistiques ; nous avons des symphonies et des opéras plus que nous ne pouvons en entendre. Et qu’avons-nous ajouté aux fables populaires, aux légendes, aux contes, aux chansons ? Quels tableaux avons-nous légués au peuple ? Quelle musique ? Au marché de Nikolskoï on fait des livres et des tableaux pour le peuple ; à Toula on fabrique des accordéons et, ni à ceci ni à cela, nous ne prenons aucune part.

Mais la fausseté de notre science et de notre art paraît surtout étonnante et évidente dans ces branches qui sembleraient devoir être utiles au peuple et qui, à cause de la fausse direction, sont plutôt nuisibles.

L’ingénieur, le médecin, le professeur, le peintre, l’écrivain, par leur destination, devraient, semble-t-il, servir au peuple. Eh quoi ? Avec la direction actuelle ils ne peuvent rien apporter au peuple, sauf du dommage.

L’ingénieur, le médecin doivent travailler avec le capital. Sans capitaux ils ne sont bons à rien. Toutes leurs connaissances sont telles, qu’elles ont besoin, pour se manifester, de capitaux et de l’exploitation de l’ouvrier sur une grande échelle ; sans parler qu’ils sont habitués à dépenser au moins 1.500 à 2.000 roubles par an, et ainsi ne