comme on nous l’affirme, dans une situation extraordinairement florissante ! Ce bonheur particulier ne provient-il pas de ce que l’homme ne peut ni ne veut voir sa laideur ? Pourquoi des autres sciences : théologique et cabbaliste, ne reste-t-il rien que des mots et sommes-nous si particulièrement heureux ?
Les caractères sont tout à fait les mêmes ; le même contentement de soi, la même assurance aveugle que nous, précisément nous seuls, sommes dans la vraie voie et que de nous seulement commence le vrai ; la même attente de la découverte d’une chose extraordinaire ; le même indice principal qui dénonce notre erreur : toute notre sagesse reste à nous et les masses du peuple ne la comprennent pas, ne l’acceptent pas, n’en ont pas besoin.
Notre situation est très pénible, mais pourquoi ne la pas regarder en face ? Il est temps de regarder et de se ressaisir.
Nous ne sommes rien de plus que des docteurs et des pharisiens assis sur le siège de Moïse ; nous avons pris les clefs du royaume du ciel et, sans y entrer, n’y laissons pas non plus entrer les autres. Nous sommes les prêtres de la science et de l’art, les plus vils trompeurs, ayant moins de droit à la place qu’ils occupent que les pontifes les plus rusés et les plus pervers.
Rien ne justifie notre situation privilégiée. Nous