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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol26.djvu/440

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les prisons, toutes les terreurs qu’on appelle punitions, tout cela a pour cause la propriété.

La propriété, c’est la base de tout le mal, et tout le monde n’est occupé que par le partage et la garantie de cette propriété.

Qu’est-ce donc que cette propriété ?

Les hommes sont habitués à penser que la propriété est quelque chose qui est propre à l’homme, c’est pourquoi ils ont appelé cela propriété. Nous disons également d’une maison et de notre main, ma propre main, ma propre maison.

Mais c’est évidemment une erreur, une superstition. Nous savons, — si nous ne le savons pas il est facile de s’en convaincre, — que la propriété n’est que le moyen de jouir du travail des autres. Le travail des autres ne peut nullement être le mien ; il n’a même rien de commun avec l’idée de la propriété, conception très précise et très définie. L’homme appella toujours et appelle le sien, soi-même, ce qui est soumis à sa volonté et lié à sa conscience : son corps. Aussitôt que l’homme appelle propriété ce qui n’est pas son corps, mais ce qu’il désirerait soumettre à sa volonté comme son corps, il commet une erreur et se crée des désenchantements, des souffrances et il se trouve entraîné à faire souffrir les autres.

L’homme appelle sa propriété : sa femme, ses enfants, ses esclaves, ses objets, mais la réalité lui montre toujours son erreur et il doit renoncer