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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol26.djvu/452

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Prenons par exemple un jeune homme (chez les jeunes gens l’énergie de la vie est plus forte et la connaissance de soi-même plus vague) de classe riche, de n’importe quelle opinion. Tout jeune homme brave trouve honteux de ne pas secourir un vieillard, une femme, un enfant. Il trouve honteux, dans une œuvre commune, de mettre en danger la vie ou la santé d’un autre, et de garantir la sienne. Chacun croit honteux et barbare de faire, suivant les récits de Skyler, ce que font les Kirguis pendant un orage : ils envoient les femmes jeunes et vieilles tenir, sous l’orage, les coins de leurs tentes, et eux-mêmes, à l’intérieur, boivent du koumiss.

Chacun trouve honteux de forcer un homme faible à faire le travail pour soi-même. Il trouve encore plus honteux, pendant le danger, sur un bâtiment en flammes, par exemple, étant soi-même vigoureux, de repousser le faible et, le laissant en danger, de s’élancer le premier dans le bateau de sauvetage, etc. Tout cela lui semble honteux et il ne le ferait pour rien au monde dans les conditions exceptionnelles. Mais dans la vie de chaque jour, des actes analogues et même pires lui sont cachés par les séductions et il les commet sans cesse.

Il n’a qu’à réfléchir pour s’en apercevoir et se faire horreur.

Le jeune homme prend chaque jour une chemise propre. Qui la lave à la rivière ? Une vieille femme,