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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol26.djvu/454

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On ne peut pas le cacher, on ne peut pas ne pas le voir. Le salut de cette situation, la seule issue est celle-ci : pour un homme qui selon sa propre contemplation du monde ne s’appelle ni poltron, ni lâche et met sur le dos des autres le travail et le danger de la vie, la seule issue est de prendre des hommes seulement ce qui est nécessaire pour la vie et de porter personnellement le vrai travail avec la peine et les dangers.

Très prochainement viendra le temps, il vient déjà, où il sera honteux et vilain non seulement de manger un dîner de cinq plats, servi par des valets, mais de manger le dîner que les maîtres eux-mêmes n’auront pas préparé ; il sera honteux non seulement de se servir de trotteurs, mais, en général, d’aller en voiture quand on aura l’usage de ses propres jambes ; de mettre, les jours ouvrables, l’habit, la chaussure, les gants avec lesquels on ne peut travailler ; de jouer sur un piano qui vaut douze cents roubles ou même cinquante quand les autres travaillent pour vivre ; de nourrir des chiens avec du lait et du pain blanc quand il y a des hommes qui n’ont ni lait ni pain ; de brûler la lampe et les bougies pour travailler, de chauffer le poêle où l’on ne fait pas la nourriture quand il y a des hommes qui n’ont ni éclairage ni chauffage.

Et nous marchons rapidement à cette conception inévitable de la vie. Nous sommes déjà sur la frontière de cette nouvelle vie, et l’implantation de cette