Aller au contenu

Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol26.djvu/494

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ser son propre travail, cette possibilité d’exploiter la main-d’œuvre des autres s’obtient aussi par l’argent.

Le propriétaire a imposé à ses serfs l’impôt en nature pour une certaine quantité de tissus, de blé, de bétail, ou pour une somme correspondante d’argent. Quelqu’un lui donne du bétail, mais remplace les tissus par de l’argent. Le propriétaire prend une certaine quantité d’argent parce qu’il sait que, pour cet argent, on lui fera la même quantité de tissus (en général, il prend un peu plus pour être sûr d’en avoir la quantité voulue) et cet argent représente évidemment, pour le propriétaire, l’obligation imposée à d’autres hommes de fournir le travail voulu. Le paysan transfère son obligation personnelle à une personne inconnue, mais appartenant à une catégorie nombreuse, qui se charge de faire pour cet argent tant de tissus. Et les hommes qui se chargent de ce travail le font parce qu’ils n’ont pas réussi à élever des moutons et qu’ils doivent donner de l’argent pour en avoir. Et le paysan qui prend de l’argent pour les moutons, le prend parce qu’il lui faut payer le blé qui n’est pas encore poussé cette année. La même chose se passe dans l’État et partout.

Les hommes vendent les produits de leurs travaux passés, présents ou futurs, parfois leur nourriture, en général, non parce que l’argent est pour eux un moyen plus commode de l’échange, — ils