journalière de ces gens, non seulement n’excitait pas la vanité, le désir de montrer son importance, que produit la visite des recenseurs chez la plupart des gens aisés, non seulement elle ne provoquait pas cela, mais au contraire, à toutes nos questions on répondait ce qu’il fallait, n’y attachant aucune importance particulière. Nos questions n’étaient pour eux qu’un prétexte à se distraire et plaisanter : qui comptera-t-on pour deux ? quand faut-il compter deux pour un, etc.
Nous en trouvâmes plusieurs qui dînaient ou prenaient le thé, et chaque fois, à notre salut : « pain et sel, » ou « thé et sucre, » ils répondaient, « s’il vous plaît, » et même s’écartaient pour nous faire place. Au lieu du repaire d’une population toujours renouvelée que nous pensions trouver ici, il se trouvait que dans cette maison, beaucoup de logements étaient occupés depuis longtemps par les mêmes locataires. Un menuisier avec ses ouvriers et un cordonnier avec ses apprentis vivaient là depuis une dizaine d’années. Chez le cordonnier, c’était très sale et très étroit, mais tout le monde qui était là travaillait gaiement. J’essayai de causer avec un des ouvriers ; je désirais entendre de lui la misère de sa situation, ses dettes au patron, mais l’ouvrier ne me comprit pas ; il envisageait au mieux son patron et sa vie.
Dans un des logements habitaient un vieux et une vieille. Ils étaient marchands de pommes ; leur