Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol3.djvu/450

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

«… Par la lettre de Tourgueniev, j’ai appris avec joie que L. Tolstoï s’est remis à travailler son roman du Caucase. Quelque sottise qu’il fasse, je dirai toujours que c’est un homme d’un grand talent, et pour moi chacune de ses extravagances a plus de valeur que les actes raisonnables des autres… »[1]

Mais cette nouvelle, comme beaucoup des grandes œuvres de Tolstoï, devait rester inachevée.

Tolstoï, dans sa jeunesse, amateur de tous genres de sport, s’adonnait avec passion au jeu du billard ; un jour il perdit mille roubles contre Katkov, illustre publiciste conservateur et directeur du journal « Les Bulletins de Moscou » et de la revue « Le Messager Russe. » Comme il lui arrivait souvent, Tolstoï n’avait pas d’argent et ne voulant pas ajourner le paiement d’une dette d’honneur, il remit à Katkov la nouvelle inachevée les Cosaques, les honoraires devaient rester en paiement de la dette de jeu. « Après cette aventure, nous a raconté Léon Nikolaiévitch, cette nouvelle me sembla si répugnante, que je l’abandonnai, et ne voulus point la terminer. » Cette aventure produisit aussi son effet dans le cercle de ses amis écrivains. Ainsi, de Paris, le 5 mars 1862, Tourgueniev écrit à Fet :

«… Tolstoï a écrit à Botkine qu’à Moscou il a perdu au jeu et emprunté mille roubles à Katkov, comme avance pour son roman du Caucase. Que Dieu veuille qu’au moins, cette aventure le remette dans sa vraie voie… »[2]

Mais ce moyen ne pouvait attirer Tolstoï au travail et il nous faut plutôt regretter cette aventure qui si mal à propos interrompit son œuvre.

Cette Nouvelle produisit une forte impression, même

  1. « Souvenirs » de Fet.
  2. « Souvenirs » de Fet.