Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol36.djvu/162

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la valeur scientifique de son argumentation ; car cette loi de l’hérédité est si solidement établie par la science que non seulement nous en pouvons déduire le crime de l’hérédité, mais même l’hérédité du crime. Quant à la supposition émise par la défense, suivant laquelle Maslova aurait été pervertie par un séducteur imaginaire (le substitut insista avec une ironie particulière sur ce mot « imaginaire »), tout portait plutôt à croire qu’elle avait toujours été la séductrice des nombreuses victimes tombées entre ses mains. Cela dit, il se rassit, l’air triomphant.

On demanda ensuite aux prévenus ce qu’ils avaient à ajouter pour leur défense.

Euphémie Botchkova répéta qu’elle ne savait rien, n’avait participé à rien, et affirma avec énergie que Maslova était coupable de tout. Simon se borna à répéter plusieurs fois :

— Ce sera à votre volonté ; je suis innocent.

Maslova ne dit rien. Le président lui ayant demandé ce qu’elle avait à ajouter pour sa défense, elle leva simplement les yeux sur lui, puis, comme une bête traquée les promena sur toute la salle, enfin les abaissa et éclata en sanglots.

— Qu’avez-vous ? demanda le marchand, assis à côté de Nekhludov, ayant entendu un son étrange que tout à coup venait de pousser son voisin. Ce son était un sanglot refoulé,

Nekhludov, ne se rendant toujours pas compte