la ceinture bleue, la messe de nuit. « Oui, cette nuit-là, je l’ai aimée, vraiment aimée, d’un amour bon et pur ; et je l’avais aimée avant, et combien, lors de mon premier séjour chez mes tantes, quand je préparais ma thèse ! » Il se revit tel qu’il était alors. Et cela l’inonda d’un parfum de fraîcheur, de jeunesse, de vie heureuse ; et cela aggrava encore sa tristesse.
La différence entre l’homme d’alors et celui d’à présent lui parut énorme, autant et plus peut-être que celle qui existait entre la Katucha de l’église et la prostituée jugée ce matin qui s’enivrait avec le marchand. Brave, libre alors, rien ne lui semblait impossible ; maintenant il était enfoncé dans une existence inutile et vide, misérable et stupide, sans issue et dont même, le plus souvent, il se refusait à sortir. Il se souvint quelle fierté il tirait alors de sa franchise et de son principe de toujours dire la vérité, et en effet, il la disait ; tandis que, maintenant, il était plongé dans le plus effroyable mensonge, tenu pour la vérité par ceux qui l’entouraient. Et pas d’issue non plus à ce mensonge, du moins il n’en voyait pas. Et il s’y enfonçait par la force de l’habitude, et s’y vautrait.
Comment s’affranchir de ses relations avec Marie Vassilievna pour ne pas avoir honte de regarder en face son mari et ses enfants ? Comment rompre sans mensonge ses fréquentations avec Missy ? Comment mettre d’accord le fait d’avoir proclamé