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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol36.djvu/280

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appliqua sur son dos gras et nu un coup si violent, qu’il résonna par tout le corridor. — Que je ne t’entende plus !

— Vrai, le vieux a de la poigne, — dit la rousse, prenant cela pour une caresse.

— Qu’on se dépêche, il est temps pour la messe. Maslova avait à peine achevé de se coiffer quand le directeur arriva avec sa suite.

— En place pour l’appel ! cria le surveillant.

Des femmes sortirent également d’une autre salle ; toutes les prisonnières vinrent s’aligner le long du corridor sur deux rangs, celles du second tenant les deux mains posées sur les épaules des femmes placées devant. On les compta.

Après l’appel parut la surveillante qui conduisait les détenues à la chapelle. Maslova et Fedosia se trouvèrent occuper le milieu de la colonne, composée de plus de cent femmes, sorties de toutes les salles. Toutes étaient vêtues de camisoles et de jupons blancs, et la tête couverte de fichus également blancs. Quelques-unes seulement avaient des vêtements de couleur ; c’étaient les femmes, quelques-unes avec des enfants, admises à partager le sort de leurs maris. La longue colonne tenait tout l’escalier. On entendait les pas assourdis des pieds en chaussons, un murmure, parfois un rire. À un tournant, Maslova entrevit la figure méchante de son ennemie Botchkova, qui marchait devant, et la montra à Fédosia. En bas des marches,