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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol36.djvu/284

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« Prions la toute sainte, la toute pure, la bienheureuse Vierge Marie », criait après cela, à voix très haute, le prêtre, de derrière une cloison ; et le chœur chantait solennellement qu’il est fort bien de chanter la louange de celle qui, sans que sa virginité fût violée, mit au monde le Christ, de la Vierge Marie, plus honorée à cause de cela que les Chérubins, plus glorieuse que les Séraphins. Après cela il était admis que la transsubstantiation était accomplie ; et le prêtre, ôtant la serviette qui couvrait le plat, rompit en quatre le morceau du milieu, le trempa d’abord dans le vin puis le mit dans sa bouche. Il avait censément mangé un morceau de la chair de Dieu et bu une gorgée de son sang. Le prêtre tira ensuite un rideau, ouvrit une porte du milieu, après s’être muni d’une tasse dorée, pour inviter les fidèles à manger également la chair et à boire le sang de Dieu, contenus dans la tasse.

Seuls, quelques enfants s’approchèrent.

Après leur avoir demandé leurs noms, le prêtre prit avec précaution, à l’aide d’une petite cuillère, des morceaux de pain trempés dans le vin, et les enfonça profondément dans la bouche de chacun des enfants. Et le sacristain, après leur avoir essuyé les lèvres, chanta avec allégresse un cantique où il était dit que ces enfants avaient mangé la chair de Dieu et bu son sang. Après cela le prêtre emporta la tasse derrière la cloison, but là-bas