Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol36.djvu/294

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Il y avait foule aussi dans les cabarets l’on voyait entrer des ouvriers en poddiovka propres, chaussés de bottes luisantes, heureux d’être délivrés de la fabrique, et des femmes portant sur la tête des fichus de soie de nuances claires, et des jaquettes agrémentées de verroteries. Des agents de police, leurs pistolets retenus à la ceinture par des cordons jaunes, se tenaient immobiles aux coins des rues, attendant d’avoir pour se distraire quelque désordre à réprimer. Dans les allées des boulevards, sur le gazon des pelouses, encore humide, des enfants, des chiens, couraient, jouaient, pendant que les nourrices, assises par groupes sur les bancs, bavardaient joyeusement.

Dans les rues, encore fraîches et humides, du côté de l’ombre, et sèches au milieu, retentissait sans cesse le bruit des lourdes charrettes, des fiacres légers, et la sonnerie des tramways. De tous côtés, dans l’air tintaient des bruits divers, et le son des cloches convoquait les fidèles à assister à un office semblable à celui qu’on célébrait maintenant dans la chapelle de la prison. Et, par groupes, la foule parée se dirigeait vers les paroisses.

Le cocher de Nekhludov n’alla pas jusqu’à la prison, mais s’arrêta au tournant d’un chemin qui y conduisait.

Près de ce tournant, à cent pas de la prison,