Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol36.djvu/380

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mains blanches, ses cheveux ondulés coupés court, son nez et ses lèvres fermes ; mais le principal attrait de son visage lui venait de ses grands yeux de brebis, bruns, bons et francs. Elle les détacha du visage de la mère au moment où entrait Nekhludov et leurs regards se croisèrent. Mais elle se détourna aussitôt pour dire quelque chose à cette mère. Non loin du couple amoureux était assis un homme brun, chevelu, au visage morne, qui parlait avec colère à un visiteur imberbe, à mine de skopetz. Nekhludov, assis près du directeur, considérait ces divers groupes avec curiosité. Il en fut distrait par un bambin aux cheveux coupés ras, qui s’approcha de lui et, d’une voix menue, lui demanda :

— Et vous, qui attendez-vous ?

Nekhludov fut d’abord étonné de cette question, mais, touché par le visage réfléchi, les yeux vivants et mobiles de l’enfant, il lui répondit avec le plus grand sérieux qu’il attendait une dame.

— Votre sœur ? — demanda le petit.

— Non, pas ma sœur, — répondit Nekhludov étonné. — Mais toi, avec qui es-tu ici ? — l’interrogea-t-il.

— Moi, avec maman. C’est une politique — répondit-il.

— Marie Pavlovna, — appelez Kolia, — dit le directeur, jugeant sans doute illégal l’entretien de Nekhludov avec le gamin.