Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol36.djvu/43

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et, du haut de sa carrière artistique, il avait considéré avec dédain toutes les autres occupations. Aujourd’hui il s’apercevait qu’il n’en avait pas le droit. Aussi tout souvenir se rapportant à cela lui était-il désagréable. Avec un sentiment pénible il examinait toutes ces commodités et ce luxe de l’atelier, et, tristement, il entra dans son cabinet de travail. Ce cabinet était une grande pièce, très haute, avec toutes sortes d’ornements et d’installations pratiques.

Il s’approcha d’un vaste bureau, et dans le tiroir portant l’étiquette : urgent, il trouva immédiatement la convocation l’invitant à se trouver à onze heures au tribunal. Nekhludov s’assit et écrivit la lettre de remerciement à la princesse. Il l’informait qu’il tâcherait de venir dîner. Mais, le billet écrit, il le déchira, le trouvant trop intime ; il en écrivit un second, le trouva trop froid, presque impoli. Il le déchira également et pressa un bouton sur le mur. Un laquais âgé, la mine sombre, le menton rasé, portant un tablier de toile grise, entra.

— Faites venir un fiacre, s’il vous plait.

— À vos ordres.

— Et dites — on attend ici, de chez les Kortchaguine — que je remercie, et ferai mon possible pour venir.

— À vos ordres.

« Cela n’est pas poli mais je ne puis écrire. Du