reprit : Ce n’est nullement pour étudier, mais tout simplement pour déranger les gens.
— Mais cependant, ils ont besoin d’une occupation quelconque, dans leur pénible situation, dit Nekhludov.
— Ils se plaignent toujours ! fit le général. Ah ! nous les connaissons.
Il parlait toujours des détenus comme d’une race d’hommes à part et mauvaise.
— En réalité, en aucun lieu de détention vous ne trouveriez les commodités qu’ils ont ici, reprit le général. Et, comme pour se justifier, il se mit à détailler ces commodités. À l’entendre le but principal de cette institution était de procurer un séjour agréable aux prisonniers.
— Autrefois, il est vrai, on les traitait plutôt durement, mais à présent, ils sont traités aussi bien que possible. Ils ont trois plats à leur repas, et toujours un de viande, hachis ou côtelettes. Le dimanche, ils en ont quatre, un entremets en plus. Dieu veuille que tout Russe soit nourri aussi bien qu’eux !
Une fois sur son dada, le général, comme tous les vieillards, ne faisait que répéter les choses dites, afin de montrer les exigences et l’ingratitude des prisonniers.
— Pour les livres, ou leur donne des ouvrages religieux et aussi de vieilles revues. Nous avons toute une bibliothèque, mais ils lisent rarement.