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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol37.djvu/199

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XXVI

— Oui, la cellule est une terrible chose pour les jeunes gens, dit la tante en hochant la tête et allumant elle aussi une cigarette.

— Mais pour tout le monde, je crois, remarqua Nekhludov.

— Non, pas pour tout le monde, dit la tante. Pour les vrais révolutionnaires, on me l’a souvent dit, c’est au contraire le repos et le calme. Les suspects vivent dans une angoisse perpétuelle, sans parler des privations matérielles, dans la crainte pour eux, pour les leurs et pour la cause, mais un beau jour on vous arrête, et c’est fini, plus de responsabilité ; on n’a plus qu’à s’asseoir et se reposer. On m’a dit que certains ressentent de la joie quand on les arrête. Mais pour les jeunes, pour les innocents, et on commence toujours par les innocents comme Lydie, pour eux le premier