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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol37.djvu/280

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— Le médecin doit les examiner et faire rester les faibles ; et eux, ils traînent un homme à moitié mort ! reprit le commis, évidemment enchanté de connaître le règlement.

Après avoir délié les cordons de la chemise, l’agent de police se redressa et regarda autour de lui.

— Circulez, vous dis-je ! Cela ne vous regarde pas ! Qu’avez-vous à voir ici ? dit-il, cherchant l’approbation de Nekhludov. Mais n’ayant point trouvé de sympathie dans son regard, il se tourna vers le soldat convoyeur. Celui-ci se tenait à l’écart, tout à fait indifférent aux soucis du policier, et examinait son talon éculé.

— Ceux dont c’est l’affaire ne font pas leur devoir. Est-ce dans la loi de laisser périr les gens ?

— Un prisonnier, un prisonnier… c’est toujours un homme ! disait-on dans la foule.

— Soulevez-lui la tête et donnez-lui de l’eau, dit Nekhludov.

— On est allé chercher de l’eau, répondit l’agent de police.

Et, prenant le prisonnier sous les aisselles, il parvint avec effort à lui soulever la tête.

— Quel est cet attroupement ! cria soudain une voix autoritaire, et vers la foule rassemblée autour du prisonnier accourut un officier de police, en uniforme étincelant et brillant, chaussé de hautes bottes plus brillantes encore. Dispersez-vous !