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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol37.djvu/380

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— Je l’apporte ! dit le soldat ; et il entra avec le samovar.

Nekhludov attendit que le soldat l’eut placé sur la table. (L’officier épiait ce dernier de ses petits yeux méchants, comme s’il le visait et cherchait l’endroit où le frapper.) Quand le samovar fut placé, l’officier prépara le thé, puis il retira de son nécessaire de voyage un flacon carré et des biscuits Albert ; et quand tout fut disposé sur la nappe, il s’adressa de nouveau à Nekhludov.

— Alors, qu’y a-t-il à votre service ?

— Je désirerais être autorisé à voir une prisonnière, dit Nekhludov, sans s’asseoir.

— Une criminelle politique ? La loi le défend, dit l’officier.

— Cette femme n’est pas une criminelle politique, dit Nekhludov.

— Mais, je vous prie, asseyez-vous donc, dit l’officier.

Nekhludov s’assit.

— Elle n’est pas une criminelle politique, reprit Nekhludov, mais, sur ma demande, l’autorité supérieure lui a permis de faire la route avec les criminels politiques

— Ah ! oui, je sais ! dit l’officier. Une petite brune ? Eh bien, cela est possible. Voulez-vous fumer ?

Il tendit à Nekhludov une boîte de cigarettes, puis, ayant versé avec soin deux verres de thé, il en approcha un de Nekhludov.