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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol37.djvu/499

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alors il n’y aura plus besoin de maîtres. Va, va ! ajouta-t-il la mine hargneuse, en se tournant vers Nekhludov qui s’attardait. Tu as assez vu comment les serviteurs de l’Antéchrist nourrissent les poux avec la chair humaine. Va-t-en, va-t-en !

Quand Nekhludov rejoignit l’Anglais et le directeur dans le corridor, ils étaient debout, près de la porte ouverte d’une salle vide.

Nekhludov demanda à quoi servait cette salle. Le directeur expliqua que c’était la chambre des morts.

— Ah ! fit l’Anglais, quand Nekhludov eut traduit, et il demanda à entrer.

C’était une petite salle ordinaire. Une petite lampe accrochée au mur éclairait faiblement dans un coin, des sacs et du bois, et, sur des planches, à droite, quatre cadavres. Le premier de ces cadavres, en chemise de grosse toile et en caleçon, était celui d’un homme de grande taille, avec une barbiche pointue et la tête à demi rasée. Le corps était déjà froid ; les mains bleuies, qui, évidemment, avaient été croisées sur la poitrine, s’étaient écartées, ainsi que les pieds nus. Près de lui était étendue une vieille femme en jupe et camisole blanches, également nu-pieds avec une mince et courte natte de cheveux, un visage ratatiné et jaune. Près d’elle, un autre cadavre d’homme, en blouse mauve. Cette couleur rappela quelque chose à Nekhludov.