leur soumettre une proposition nouvelle, évidemment c’était pour les mieux duper encore.
— Eh bien ! À combien pensez-vous taxer la terre ? demanda Nekhludov.
— Comment taxer ? Nous ne pouvons le faire. La terre est à vous, et c’est à votre volonté, répondit-on dans la foule.
— Mais non, c’est vous seuls qui profiterez de cet argent pour vos besoins communs.
— Nous ne le pouvons pas. La communauté c’est une chose, et nous c’est autre chose.
— Mais comprenez donc ! dit en souriant le gérant qui s’était approché de Nekhludov avec le désir d’expliquer l’affaire. Le prince vous propose la terre contre argent, mais cet argent est destiné à votre communauté.
— Nous comprenons très bien, dit sans relever les yeux un vieillard édenté, à l’air hargneux. C’est comme à la banque ! Mais il faudra payer à l’échéance. Nous ne le voulons pas ! Nous avons déjà assez de peine à nous tirer d’affaire, et comme ça ce serait la ruine complète.
— Cela ne nous arrange point. Nous aimons mieux rester comme avant ! dirent des voix mécontentes, même grossières.
Mais la résistance ne fit que croître quand Nekhludov annonça qu’il ferait un contrat, qu’il le signerait et qu’eux devraient le signer également.