— Je ne demande qu’à les donner, dit-il, mais à qui et comment ? À quels paysans ? Pourquoi plutôt à votre communauté qu’à celle de Déminskoié ?
C’était un village voisin presque dépourvu de terres.
Tous se turent, excepté l’ancien soldat qui prononça son : « Parfaitement bien ! »
— Eh bien, reprit Nekhludov, dites-moi comment vous feriez pour distribuer la terre aux paysans ?
— Comment nous ferions ? Un partage égal entre tous, dit le poêlier, en soulevant et abaissant les sourcils.
— Comment faire autrement ?
— Nous partagerions tout entre les paysans, continua le bon vieillard boiteux, aux bandelettes blanches.
Et tous approuvèrent cette décision, la jugeant satisfaisante.
— Mais comment entre tous ? demanda Nekhludov. Aux domestiques aussi ?
— Ah ! ça non ! fit l’ancien soldat, s’efforçant de sourire.
Mais le haut paysan réfléchi n’était pas de cet avis.
— Si l’on partage, il faut que ce soit également entre tous, déclara-t-il de sa voix basse, après avoir réfléchi.