Aller au contenu

Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol4.djvu/111

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


XV

Le lendemain soir, la musique du régiment de chasseurs jouait de nouveau sur le boulevard et de nouveau, des officiers, des junkers, des soldats et des jeunes femmes en habits de fête se promenaient autour du kiosque et dans les allées d’acacias blancs, fleuris et parfumés.

Kalouguine, le prince Galtzine et un colonel quelconque marchaient bras dessus, bras dessous et causaient de l’affaire d’hier. Le sujet principal de leur conversation, comme il arrive toujours en pareil cas, n’était pas tant l’affaire elle-même que la participation que s’y attribuent volontiers ceux qui la racontent. Les visages et les voix avaient une expression sérieuse, presque triste, comme si les pertes d’hier touchaient fortement et attristaient chacun. Mais à vrai dire presqu’aucun d’eux n’avait perdu quelqu’un de très proche. Cette expression de tristesse n’était qu’une expression officielle