Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol4.djvu/167

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XI

Le grondement des canons continuait avec la même force, mais la rue Ekaterinenskaia que suivait Volodia accompagné du silencieux Nikolaïev, était déserte et calme. Dans l’obscurité il voyait seulement la large rue avec les murs blancs des grandes maisons détruits en beaucoup d’endroits, et le trottoir pavé. De temps en temps il rencontrait des soldats et des officiers. En passant du côté gauche, près de l’amirauté, à la lumière d’un feu vif qui brillait derrière les murs, il aperçut les acacias plantés le long du trottoir, leurs supports verts et leur feuillage jeune empoussiéré. Il entendait nettement ses pas et ceux de Nikolaïev qui, en poussant de gros soupirs, marchait derrière lui. Il ne pensait à rien. La jolie petite infirmière, la jambe de Martzov avec les doigts s’agitant dans la chaussette, l’obscurité, les bombes et les diverses images de mort se présentaient vaguement à son imagination. Toute son âme,