Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol4.djvu/174

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

maintenant l’avoine est beaucoup meilleur marché — répondit le sergent-major en remuant les doigts des mains qu’il tenait le long du corps. Il aimait évidemment ce geste pour aider à la conversation. — Et puis notre fourrier Frantchouk, m’a envoyé hier, du train, un petit mot, Votre haute Noblesse, il dit qu’il faudra absolument acheter là-bas des essieux, qu’ils sont très bon marché. Alors que voulez-vous ordonner ?

— Eh bien ! Qu’il achète ! Il a de l’argent maintenant.

Le commandant de la batterie continuait à marcher dans la chambre.

— Où sont vos bagages ? demanda-t-il tout à coup à Volodia, en s’arrêtant en face de lui.

Le pauvre Volodia était si absorbé par l’idée qu’il était un poltron, que dans chaque regard, dans chaque parole, il trouvait du mépris à son adresse, comme à un poltron méprisable. Il lui semblait que le commandant de la batterie avait déjà pénétré son secret et se moquait de lui. Confus, il répondit que ses effets étaient à la batterie Grafskaïa et que son frère lui avait promis de les lui envoyer le lendemain.

Mais le lieutenant-colonel ne l’écoutait pas jusqu’au bout ; déjà il s’adressait au sergent major :

— Où logerons-nous l’enseigne ?

— L’enseigne ? — dit le sergent-major en confondant encore plus Volodia par le regard rapide