Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol4.djvu/200

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

table des officiers. Si vous êtes commandant de batterie, vous devez vivre convenablement. Il vous faut une voiture, une pelisse, etc., mais que dire !…

Et principalement, intervint le capitaine qui s’était tu tout le temps, voilà ce qu’il y a, Vladimir Semionovitch, imaginez-vous qu’un homme comme moi, par exemple, qui sert depuis vingt ans en recevant d’abord deux cents d’appointements et ensuite trois cents, doit avoir au moins un morceau de pain pour ses vieux jours ?

— Eh ! que dire ! reprit le capitaine en second.

— Ne vous hâtez pas de juger, mais vivez ici et servez.

Volodia était devenu tout honteux et regrettait d’avoir parlé sans réfléchir. Il murmura quelque chose et en silence écouta Diadenko qui, avec le plus grand feu, commençait à discuter et à prouver la proposition contraire.

La discussion était interrompue par l’arrivée du brosseur du colonel qui appelait au dîner.

— Dites à Apollon Sergueïvitch qu’il nous donne du vin aujourd’hui, — fit Tchernovitzki en se boutonnant et s’adressant au capitaine. — Et pourquoi est-il si avare ? On tuera, et personne n’en profitera !

— Mais, non, dites-le vous-même.

— Oh ! non, vous êtes le plus âgé. Il faut de l’ordre en tout.