Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol4.djvu/204

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faut que quelqu’un y aille, — dit-il après un silence.

— Il faut être là-bas à sept heures… Envoyez-moi le sergent-major ! Qui ira, messieurs ? Arrangez-vous, — répéta-t-il.

— Mais, voilà, lui n’a encore été nulle part, dit Tchernovitzkï en désignant Volodia.

Le commandant de la batterie ne répondit rien.

— Oui, j’irai volontiers, — prononça Volodia, qui sentait une sueur froide couler sur son dos et son cou.

— Non, pourquoi ? — interrompit le capitaine, sans doute personne ne refusera, mais se proposer est inutile, et si Apollon Sergueïtch nous laisse choisir, alors il faut tirer au sort comme on a fait autrefois.

Tous y consentirent. Kraut coupa des papiers, les roula et les mit dans une casquette. Le capitaine plaisantait et même, à cette occasion, s’enhardit à demander du vin au colonel, « pour le courage, » comme il dit.

Diadenko était assis, sombre ; Volodia souriait dans le vide. Tchernovitzkï affirmait que le sort tomberait certainement sur lui. Kraut était tout à fait calme.

On laissa Volodia tirer le premier. Il prit un rouleau de papier, le plus long, mais immédiatement il se ravisa et en prit un autre plus petit et plus mince, et l’ouvrant, il lut : « Aller. » — C’est moi, — dit-il en soupirant.