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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol4.djvu/302

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— Il me semble qu’ils sont entrés chez Priakhine. Ils viendront tout à l’heure.

En effet, bientôt entraient dans la chambre : un officier de la garnison qui accompagnait toujours Loukhnov, un marchand, d’origine grecque, brun, avec un énorme nez aquilin et des yeux noirs, enfoncés, un gros et gras propriétaire rural, un distillateur qui jouait des nuits entières, toujours par cinquante kopeks. Tous avaient hâte de commencer le jeu, mais les principaux joueurs n’exprimaient pas ce désir, et Loukhnov surtout devisait très tranquillement sur les escrocs de Moscou.

— Peut-on s’imaginer, disait-il…. Moscou, la principale ville, la capitale ! Et ils se promènent la nuit avec des bâtons à crochets, déguisés en diables, et effrayent la population bête, et dévalisent les passants, et que fait la police ? Voilà ce qui est étonnant !

Le uhlan écoutait attentivement cette histoire de brigands, mais à la fin il se leva et ordonna doucement d’apporter les cartes.

Le gros propriétaire parla le premier.

— Eh bien ! Messieurs, pourquoi perdre un temps précieux ! Les affaires sont les affaires.

— Oui, hier vous en avez gagné assez par cinquante kopeks, alors ça vous plaît, — dit le Grec.

— Oui, c’est vrai, il est temps, — dit l’officier de la garnison.

Iline regardait Loukhnov. Celui-ci, en le regar-